Lara Clette

tes tics, tes manies.1. Je suis l’ainée d’une famille conservatrice typiquement américaine. Mon père est pasteur dans notre jolie ville pendant que ma mère s’occupe du foyer. Pendant longtemps j’ai été enfant unique, ayant pour seules distractions mes poupées de cire et de chiffon. Petit à petit les autres sont arrivés et à l’heure actuelle nous dormons une jolie fratrie de six enfants. Faut croire que ma mère a un vagin en acier. Lui dîtes pas que je vous ai dit ça, je suis bonne pour le confessionnal sinon. J’ai été élevée dans des mœurs strictes et religieuses. Tous les dimanches nous allions écouter les sermons de mon père et nous prions chaque soir le Seigneur. A chaque repas, nous remercions les Bonnes Grâces de ces délicieux mets (et horriblement raffinés) que nous prépare notre mère. Une sacrée ambiance à la maison.
2. J’ai eu un précepteur qui me faisait l’école à la maison jusqu’à ce que je sois en âge de passer à la High School. Mon entrée fut un véritable désastre. Tout le monde savait qui j’étais. J’étais la fille de Monsieur le Pasteur. J’intriguais et j’étais source de moqueries. Les premières années à l’école furent difficiles et terriblement ennuyeuses. Je passais mes temps libres à pleurer dans les toilettes. Je subissais. Je souhaitais rentrer à la maison alors que je rêvais d’aller à l’école. Pour couronner le tout, j’étais une excellente élève. Tête de turc je suis devenue malgré moi. Petit à petit, je me suis détachée de Dieu qui ne me protégeait pas. Je n’avais plus foi en lui. Petit à petit, je me suis libérée de cette emprise divine qui me dictait mes pas. J’ai essayé de le renier, mais il revenait au galop. Mon père m’a remise sur le droit chemin. Plusieurs fois. J’ai souffert. Physiquement et moralement. Les punitions du Tout Puissant sont lacérantes…  Les autres sont enfin entrés à l’école, je me suis mis comme objectif de les protéger.  Ils m’ont sauvé de cette solitude et de cette détresse permanente. D’un petit mouton, je me suis transformée en loup, en furie prête à en découdre.
3. A l’université, je me suis enfin affirmée. De la gamine introvertie et calme, je me suis libérée. Loin de mon père, j’ai pu enfin voler de mes propres ailes. J’ai cédé à la tentation. Je suis devenue une femme féministe et déterminée. La médecine n’était qu’une excuse pour avoir des horaires décalés avec ma famille. Ces études m’ont transformée. Je me suis découverte en femme extravertie et drôle. J’ai toujours cette douceur qui m’accompagne mais je suis plus ouverte au monde. Au lieu d’avoir les yeux rivés sur le Seigneur, j’ai les yeux rivés sur la vie.
4. Il est évident que mon père ne m’a toujours pas reniée car il n’est pas vraiment conscient de mes activités à l’université. Si la vie était si simple, cela se saurait. Je reste proche de ma famille pour mes frères et sœurs. Et ma mère. Ma pauvre mère soumise. Il m’a fallu des années pour comprendre que la femme ne devait pas être inférieure à l’homme. Elle ? Elle ne comprend toujours pas. Mon père est un pasteur en carton et l’admiration que j’avais pour lui étant petite a été rapidement balayée. Il me tient en joue grâce au financement de mes études mais bientôt, je serais diplômée et il ne me retiendra plus. Je serais libre.
5. Récemment, j’ai été fiancée. C’est encore une magouille de mon père. Je suis la future femme du fils d’un de ses riches amis. Coup de poker. J’ai perdu. Nos noces sont prévues dans quelques mois. Je ne sais pas comment faire pour me sortir de cette situation. Mon père me fait peur. Vraiment. Il est capable de tout. Je suis coincé dans un trou qui ne cesse de se refermer. Je suis dans ma propre tombe.
6. En règle générale, j’ai la langue bien pendue. Je ne supporte pas la hiérarchie et les abus de pouvoir. J’ai en horreur les gens qui font du mal aux autres, j’ai une soif de justice insatiable. C’est plus fort que moi. J’aurais pu faire avocate mais je préfère garder les gens en vie. Aux urgences, j’ai cette adrénaline qui coule en moi et qui me fait sentir bien. Je me sens fière quand j’arrive à maintenir quelqu’un en vie. Je me sens utile. Je bouffe des heures de travail sans compter. J’aime mon métier plus que tout et je m’y voue corps et âme. Comme j’aurais dû le faire pour Dieu sans doute.
7. Depuis toute petite, je pratique le violon et le piano de manière régulière. La musique est une chose inspirante. Cela me permettait de m’évader lorsque j’étais une jeune adolescente. Cela m’a permis de tenir le cap. C’est sans doute la seule chose que je dois de bien à mon père ces cours de musique. Il aurait voulu que j’entre au conservatoire, que je devienne une musicienne et que je joue de l’orgue à l’Eglise. Non merci.
8. Je pleure tout le temps : Lorsque je suis en colère, lorsque j’ai peur même lorsque je suis contente ! Les larmes parlent à ma place, je suis une vraie émotive. J’ai du mal à faire preuve de réserve. Néanmoins, lorsque je suis au travail, je passe en mode machine de guerre. Je deviens quelqu’un d’autre. Je maîtrise mes émotions comme personne. Par contre, dans la vie privée, c’est autre chose et je vous avoue que c’est assez handicapant.
9. Même si je trouve ma vie misérable, j’ai toujours été quelqu’un de souriant. Ce putain de sourire est collé à mon visage et je passe pour une nunuche assez souvent. Qu’importe. Avoir l’air doux et gentil me provoque certains avantages. Je suis assez serviable et sociable avec les gens, j’aime rencontrer de nouvelles personnes. Cela ne m’empêche pas de mordre, ni de me défendre avec mes petits poings fragiles quand il le faut. J’ai appris, malgré moi, qu’il fallait se battre dans la vie pour se faire une place et avoir ce qu’on veut même si certaines parties sont perdues d’avance.
10. J’adore marcher sans chaussures. Sentir le sol sous mes pieds m’apaise. J’aime sentir différentes sensation sur ma peau. J’aime entendre la pluie tomber alors que je suis à l’intérieur. Je suis allergique aux cacahuètes mais j’en mange quand même parce que les M&M’s sont la plus belle invention de la terre. Je déteste le sport, je comprends pas pourquoi des gens en sont accros, c’est hyper fatiguant ! J’adore me promener la nuit et contempler les étoiles. J’ai tendance à manger une glace dès que je passe devant un glacier. Je crois que je suis droguée à la crème glacée. J’aime lire des livres dans un parc couchée sur une couverture ou en terrasse avec un jus de fruits frais.
11. Je suis une véritable romantique. Je rêve de rencontrer quelqu’un qui me sortira de ma galère, une personne avec qui je pourrais m’enfuir. Je n’ai jamais vraiment été amoureuse je crois même si je suis sortie avec quelques garçons lors de mes études.  Je ne sais même pas si je suis capable d’être amoureuse de quelqu’un. Ça a l’air compliqué d’aimer quelqu’un incommensurablement non ?
12. Je suis assez jalouse des gens qui ont une vie parfaite et bien rangée. Comment ils ont fait ? Je sais qu’on ne choisis pas sa famille mais quand même. Je ne supporte pas entendre les gens se plaindre pour des conneries, ça me dépasse. Avec mon passé, je n’accorde pas ma confiance facilement même si je me montre être une fille assez agréable à vivre. J’aime pas rouler en voiture. Ça rend les gens nerveux. Je me déplace à bicyclette qu’il pleuve ou qu’il vente. Et puis, ça a du bon pour l’écologie.
13. Je suis une femme assez militante, j’aime œuvrer pour un monde durable et juste. Je n’hésite pas à verser de l’argent pour des causes humanitaires. J’ai mis sur pied un petit potager dans le jardin de mes parents et j’aimerai construire un potager en ville ou chacun pourrait y veiller, l’entretenir et se servir.
14. J’aimerais aller à Bruxelles. Cette ville m’a toujours fascinée. Paris, c’est tellement surfait et cliché. La capitale de l’Europe a tellement de choses à me faire découvrir ! Puis, paraît que les Belges sont de bons vivants qui aiment faire la fête et la bonne bouffe ! Que de qualités ! C’est un pays qui me fascine et qui est injustement méconnu. Quand je serais libre, c’est la première chose que je ferais : aller à Bruxelles.
15. A l’heure actuelle, je rêve de me prendre un petit appartement en ville avec un balcon, être seule, loin de la maison familiale. J’aime être là pour mes frères et sœurs mais j’ai ce sentiment en moi qui brûle d’envie de consumer une liberté presque utopique. J’ai envie d’être loin de mes démons et de ce Dieu qui a pourri mon enfance. Je rêve de ne plus entendre les coups de fouets que je recevais lorsque je m’écartais du droit chemin lorsque je ferme les yeux. J’aimerais tant ne plus avoir de terreurs nocturne qui réveillent toute la maison. J’aimerais retrouver une vie que je mérite, une vie saine avec un soupçon d’amour.